La couette en plumes !
- Rachel SARAGA

- 29 oct.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 nov.
Du Rêve à la Poésie il n’y a qu’un pas !
Les symboles qui habitent l’univers onirique offrent une respiration, une ouverture sur le vivant qui nous traverse…
Ils actualisent ici avec poésie les mouvements en cours accompagnant la parution de mon livre "Les Emotions en Médiation - Alchimie du Lien "
En voici une illustration :
🪶 La couette en plumes du monde
Je ne sais pas où je suis.
Un lieu sans nom, mais tout y respire.
Je dis à Vincent — mon ami des songes —
que je ne cherche qu’une chose :
me jeter sur une couette en plumes.
Une mer douce, tiède,
un nid d’air et de chaleur.
Je m’y vois déjà plonger,
et pourtant… je suis allergique aux plumes.
La tendresse, je l’aime, mais elle me fait éternuer.
Alors j’approche, prudemment,
comme on effleure le cœur du vivant.
Pas question d’entrer dans les draps d’un autre pensais-je, juste me poser dessus,
avec son accord,
avec respect.
C’est ainsi qu’on écoute :
sans s’emparer,
sans s’engloutir.
Se tenir au bord,
entre soi et l’autre,
là où les âmes respirent ensemble.
Et soudain, le miracle :
des poules apparaissent,
paisibles, sautillantes, lumineuses.
Elles pondent des œufs nacrés
couverts de signes du zodiaque.
Chaque œuf est un monde,
un ciel enfermé dans sa coquille.
Je suis avec mon ex-mari,
l’ancien bâtisseur de ma vie,
celui du temps des structures et du devoir.
C’est dans ce terreau-là que le nouveau a germé.
Je cours chercher Laurent,
le frère du présent,
celui qui parle vrai,
qui sent tout, trop fort,
celui qui tremble mais avance.
Je lui tends les œufs et lui dis
regarde, ils brillent,
ils parlent le langage du ciel !
Il doute, bien sûr.
Mais je l’aime dans ce doute.
C’est le doute qui garde la foi vivante.
Puis le rêve glisse,
et surgit une jeune femme — trente ans, pas plus.
Elle est assise dans un fauteuil,
élégante, tranquille,
jusqu’à ce qu’elle voie
les vers blancs qui mangent le bois.
Le fauteuil se vide de lui-même,
le passé s’effrite en poussière tendre.
Et pourtant, l’air est léger,
rien de sombre, rien de triste.
Les vers sont à l’œuvre,
les fondations se renouvellent.
Alors je comprends.
Je suis la femme et le fauteuil,
le ver et la plume,
l’œuf et la main qui le montre.
Je suis celle qui écoute,
celle qui tremble,
celle qui change.
Médiatrice entre le ciel et la terre,
entre l’ancien et le vivant,
entre l’ordre et la peau nue du monde.
Et je souris.
Car tout ce qui se défait
respire encore.
Tout ce qui s’érode
se transforme.
Sous la couette du monde,
même le vermoulu
chante la vie.








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